Du corps objet
au corps
conscient
et libre*
Comment se reconstruire après des violences sexuelles
Le chemin de retour vers soi après des violences sexuelles est marqué par différentes étapes :
- Tout d’abord, par la prise de conscience (parfois la découverte) de l’agression,
- Ensuite par le droit d’exprimer sa souffrance clairement, pour sortir de la minimisation,
- Mais aussi par la possibilité de s’accepter comme victime, pour sortir de la culpabilité,
- Afin de retrouver la capacité de dire NON pour pouvoir défendre de nouveau son territoire,
- Et prendre conscience des traces de l’abus (traces physiques et psychiques),
- Pour avoir la possibilité de traverser de nouveau les émotions de culpabilité, de honte, de peur et de colère,
- Et de retrouver le plaisir dans son corps,
- Enfin pour réintégrer l’agression dans son histoire de manière distancée,
La psychologie biodynamique, par la prise en compte de la connexion corps/esprit, propose tous les outils nécessaires à la personne pour retrouver son intégrité psychique et corporelle.
Les conséquences des violences sexuelles
Les violences sexuelles réalisent des dégâts colossaux, aux facettes multiples. Et la plupart du temps, elles conduisent à la mort physique et/ou psychique, rapide ou à petit feu. Pourtant peu de personnes réalisent l’ampleur de ces dégâts.
Il faut savoir que l’agression sexuelle impacte l’intégrité de la personne. Mais aussi qu’elle ouvre une brèche dans chacune des couches de la personnalité. Et que ce soit dans son territoire intime, ses limites, l’appréhension de son corps ou l’image de soi.
Aujourd’hui on connait largement les conséquences psychiques du trauma. Et on sait qu’elles prennent racine dans le phénomène de la dissociation : tendances schizoïdes, sentiments d’étrangeté, de dépersonnalisation, de déconnection d‘avec soi.
Aussi on ne se sent plus une personne, on se ressent objet : perte de confiance, addictions pour combler la béance que laisse l’acte dans le Soi, répétition des abus… Et il en résulte des conséquences sur l’être comme une coupure avec son essence.
Pourtant si les conséquences psychiques sont généralement prises en compte, l’impasse est souvent faite sur l’aspect corporel des traumas. Et on trouve régulièrement des symptômes tels que : sensation d’irradiation ou d’anesthésie. Mais aussi des problèmes articulaires, réflexe de sursaut permanent, répression musculaire, hypertonie, modification de la posture. Et il arrive fréquemment que l’on retourne de l’agression contre soi-même par toutes sortes de somatisations. Et que nos comportements nous mettent en danger.
Ainsi c’est le fonctionnement même du système nerveux autonome qui se dérègle : le réflexe de figement s’active au moment de l’agression pour permettre la survie. Et les conséquences ne s’évacuent pas généralement après l’évènement comme dans une expérience normale.
Comme le cerveau travaille par analogie, elles se réactivent à chaque fois que la personne rencontre des circonstances qui rappellent celle du trauma.
Il en résulte que chaque évènement de vie devient confrontant. Et la relation à l’autre baigne dans une ambiance d’alerte permanente. Et si cela ne conduit pas au figement, c’est l’attaque ou la fuite qui restent les seules solutions possibles.
La résilience est possible
La résilience est possible par un travail psychocorporel. Au-delà de la connaissance et de la compréhension de son histoire, elle viendra apporter une réparation au cœur des cellules.
Mais le plus important est de respecter le rythme de la personne et de reconstruire avec elle la confiance pas à pas.
C’est un réapprivoisement patient et méticuleux de la relation à elle-même et à l’autre.
Définition en France
Agression sexuelle : atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise. Il peut s’agir, par exemple, d’attouchements, de caresses de nature sexuelle ou de viol.
Pour le viol, il se distingue des autres agressions sexuelles en ce qu’il suppose un acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte, menace ou surprise. Ainsi tout acte de pénétration sexuelle est visé : vaginale, anale ou buccale, notamment par le sexe de l’auteur. Et il peut aussi s’agir de pénétrations digitales ou de pénétration au moyen d’un objet.
Aujourd’hui le viol conjugal est reconnu et ce depuis 1992.
Le premier décret sur les violences sexuelles date du 30 janvier 1940. Depuis, on ne compte plus les lois et décrets promulgués pour améliorer la législation sur les victimes de violences sexuelles.
Pourtant ce fléau est toujours présent dans nos vies. Et les statistiques nous montrent qu’une femme sur quatre, un homme sur six et un enfant sur cinq ont été victimes de ces violences sexuelles. Et que la moyenne en France est de 2,6 viols toutes les heures, effrayant pour un pays dit « civilisé ».
* Une partie du texte de cette page est tiré de la brochure de formation des ateliers Seguin que je remercie au passage pour son implication dans cette cause et l’aide qu’elle m’a apportée dans ma formation de thérapeute.